Catégories
Partir-Venir

Le voyage, thème récurent de la bande dessinée

      Aujourd’hui, le voyage est un élément majeur de notre société depuis la moitié du XXème siècle. Il est source d’inspiration pour de nombreux art, dont le neuvième art. En effet, la bande dessinée est considérée comme un art. De plus en plus de bandes dessinées naissent chaque année : en 2012, 5562 livres de bande dessinée ont été publiés, dont plus de 4000 nouveautés. (Chiffres de Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD :

     Nombreux sont les dessinateurs, auteurs, coloristes… qui interprètent le voyage dans leurs créations. Les plus connus sont Hergé avec les aventures de Tintin, Edgar P. Jacobs avec Blake et Mortimer. Nous allons donc nous intéresser à ce thème récurent dans la bande dessinée: Comment la thématique du voyage dans la bande dessinée est-elle abordée ? Pour y répondre, nous avons traité dix documents : L’histoire du neuvième art par l’académie de Lille, un article Le BD reportage et ses maîtres par JM. Boissier et H. Lavergne, une interview d’Emmanuel Le page par M. Chinal, des articles Exotisme et dépaysement, le voyage comme trame narrative, Le feuilleton du déplacement de C. Filliot, des articles Le « tour » dessiné, un voyage circulaire, Transport moderne et espace urbain de L. Gerbier, un article Voyage et BD de Jean, un bédéphile et un article « pendant ce temps, au XXXIème siècle » : le voyage dans le temps dans les littératures dessinées de H. Morgan. Dans un premier temps, nous allons verrons l’histoire de la BD depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, ainsi que l’arrivée du BD reportage, puis dans un deuxième temps, nous parlerons d’un voyage dans l’espace géographique et enfin un voyage dans le temps passé et futur.

La bande dessinée : l’origine et le reportage 

Quelle est l’origine de son art ? 

     L’origine de la BD remonte dans les années 1820, plus précisément en 1827 lorsque Töpffer, dessinateur suisse à décidé de dessiner une aventure en y ajoutant des légendes en dessous, qui seront publié a la suite. Les gens aimaient ce genre d’histoire. Cet art, mélange de littérature et de graphisme, à partir des années 1890, fut publié dans les journaux et magasines satiriques de l’époque. Aux États-Unis, les comics s’adressaient surtout à un public adulte, alors qu’en Europe, les dessinateurs sollicitent un public enfantin. Au États-Unis, on voit naître la célèbre souris de Walt Disney : Mickey Mouse. C’est en 1928 qu’on le voit pour la première fois à l’écran, puis en 1930, il devient un personnage de BD. C’est en 1934 qu’il apparaît dans son propre journal en France.

     En France, c’est Bécassine qui naît en 1905 dans la revue enfantine pour fille « La semaine de Suzette ». La naissance de Bécassine est aussi celle de la bande dessinée moderne, la transition entre les histoires illustrées et la vraie bande dessinée. Son style de dessin, au trait rond, vif et moderne, inspirera 25 ans plus tard les aventures de Tintin.

En 1929, on va apparaître, sous le crayon d’HERGE, du personnage de Tintin dans le « Petit Vingtième », supplément hebdomadaire du quotidien belge « Le Vingtième siècle ». Puis en 1930, c’est le premier album de Tintin : « Tintin au pays des soviets », vingt-trois autres albums suivront.

C’est à partir de là que l’on peut considérer qu’est né le BD de reportage.

Qu’est ce que le BD de reportage ?

Pour définir le BD de reportage, on peut déjà citer trois sources d’inspirations : le dessin de presse, l’illustration de presse et la bande dessinée.Tout d’abord, le genre BD de reportage ne suit pas du tout les codes journalistiques : Il se place en plein cœur de l’histoire et se permet d’exprimer une part de subjectivité. Comme le dit Art Spielgelman dans le Columbia Journalism Review:

« La prétendue objectivité de l’appareil photo est une convention et un mensonge au même titre qu’écrire à la troisième personne au lieu de la première. Faire du BD journalisme, c’est manifester ses partis pris et un sentiment d’urgence qui font accéder le lecteur à un autre niveau d’information. »

Phénomène assez flagrant dans les bandes dessinées consultées, le reporter est présent en permanence tout au long du déroulement du récit. Il est le point depuis lequel s’organise le récit. Il est le filtre. Une évidence s’impose alors aux lecteurs : il n’est pas neutre. Nous pouvons au contraire le voir à l’œuvre organiser le récit.De plus, le BD reportage permet d’écrire plus qu’un simple article : c’est le dessin qui le permet. Comme le disait Joe Sacco dans une interview :

« Un journaliste va écrire dans un article : Les rues de Gaza sont très boueuses. Mais combien de fois peut-il l’écrire ? Alors que moi, je peux les montrer en permanence à l’arrière-plan, et elles collent à l’esprit du lecteur comme elles ont collé à mes chaussures. » 

Lmeilleur modèle de BD reportage est la BD de Maus (Spielgelman). Dans sa BD, Spielgelman raconte les déportations de souris par les chats à Auschwitz. C’est en faite une manière de raconter les déportements nazis.

 C’est ainsi que l’on peut considérer la bande dessinée comme un art et dont la thématique du voyage inspire les auteurs pour leurs BD de reportages. Ces voyages se caractérisent par un déplacement dans l’espace.

Le voyage dans l’espace géographique

     Le voyage est un ensemble de rapports entre les hommes de différentes provenances, d’origine de révolutions et de colonisations de différents territoires. Le transport qui est le moyen de se déplacer représente un véritable enjeu du voyage, il est donc exploité dans les bandes dessinées aux lecteurs les différentes manières de voyager. D’abord , La bande dessinée met en place des dispositifs visuels et narratifs pour démontrer les formes de déplacements possibles ( fusée, bateau, cheval, aviation… ) dans le but de captiver le lecteur sur la représentation des moyens de locomotions utilisés afin d’intégrer l’expérience moderne de l’espace. Cependant, Töpffer dénonce à partir de 1835 la rapide évolution des moyens de transport à travers la bande dessinée : il intègre dans ses aventure au fur et à mesure les moyens de locomotions qui sont toujours plus modernes (d’abord à pied, puis à cheval et en calèche , en bateau , en train…).

Les aventures de Tintin et de Spirou sont des icônes de la bande dessinée du voyage et du reportage puisqu’ils sont amenés à explorer la surface de la planète en proposant toujours plus de nouvelles images du mouvement, du déplacement et du voyage . Par exemple lorsque Hergé écrit Objectif lune en 1950, la conquête de l’espace fascinait déjà puisque 20 ans plus tard , Neil Armstrong a pu réaliser ce voyage.

.

     La bande dessinée sert aussi à montrer et à critiquer l’accélération du voyage ainsi que la division de l’espace. Par exemple R. Töpffer, entre 1827 et 1844, constituent des histoires dessinées pour critiquer le progrès et la vitesse mécanique de l’âge moderne dans un discourt narratif et visuel. Également, il a développer avec ironie un langage visuel destiné à caricaturer les mouvements du monde moderne et de son progrès. Ce langage visuel permet d’exprimer des mouvements ou des déplacements et même à découvrir les différentes manières d’occuper l’espace. Cependant, il dénonce, à partir de 1835, la rapide évolution des moyens de transport à travers la bande dessinée : il intègre dans ses aventure au fur et à mesure les moyens de locomotions qui sont toujours plus modernes (d’abord à pied, puis à cheval et en calèche , en bateau , en train…). Les aventures de Tintin, publiées dans le « petit vingtième », qui se déroule au pays des soviets en 1930, puis au Congo en 1931 et en Amérique en 1932 , se situent géographiquement dans des continents différents pour faire voyager le lecteur dans plusieurs types de paysages, également pour découvrir des cultures et une gastronomie méconnue . De plus , ses aventures permettent de vivre des situations qui ne sont pas quotidiennes et de montrer le transport qui varie en fonction de la destination : l’auteur veut incarner « la fascination » du véhicule.
Ainsi, le déplacement reste récurrent dans la bande dessinée : il est caractériser par l’évolution du progrès . Par ailleurs ce progrès s’inscrit dans une dimension temporelle chargée d’histoire.

Le voyage dans le temps et l’histoire

     Le temps est un facteur essentiel de la bande dessinée car elle permet au lecteur de se situer dans un contexte temporelle ou historique selon l’époque. Dans les bandes dessinées , on observe des voyages aussi bien dans le passé comme dans le futur. Pour le futur, l’imaginaire du voyage s’effectue généralement grâce à des gaz, un sommeil profond…
     Le voyage est une aventure, qui à travers une bande dessinée du futur, est principalement illustré avec un environnement automatisé et mécanisé. De plus la rationalisation est supprimée pour le plaisir des lecteurs pour que ces derniers rentrent dans l’histoire et dans le contexte afin de juger l’image de la société. Il existe aussi la machine à voyager dans le temps qui évolue au fur et à mesure de l’époque grâce à la théorie scientifique en impliquant la quatrième dimension (temps) : cette dernière permet de se déplacer dans le temps comme dans l’espace. En effet, le temps est un facteur multiple qui inspire les auteurs des bandes dessinées car il peut-être utilisé comme un voyage, qui lui-même est utilisé pour imaginer des objets et des histoires. La relativité des durées et des distances sont une évidence donnée dans une bande dessinées, le temps est conventionnel, la durée et les distances sont déformés et mélangés , ces données sont modifiées constamment par des blancs inter-iconiques (mélange de tous les éléments possibles entre deux cases). Ses données permettent à la bande dessinée de mettre en place des procédés burlesques pour voyager dans le temps.
     Il apparaît aussi le principe du voyage à vitesse relativiste qui inspira des auteurs pour créer des histoires ou par exemple un astronaute effectuera un voyage spatial de quelques mois pour retourner sur terre ou il c’est passé plusieurs siècles (théorie de physique d’Einstein).
En bref , c’est la théorie d’Einstein sur la loi de la relativité générale ( gravitation ) qui en 1915 qui inspira de nombreux auteurs. Cet loi permet en effet, dans certaines configurations de faire un voyage temporel qui ramène le sujet dans son propre passé. 
.
.

     Finalement, dans cette étude, nous avons pu découvrir l’origine de la bande dessinée, un art à part entière, ainsi le BD reportage, qui s’inspire de voyage et de journalisme. Elle nous as aussi permis de voir deux formes de voyages présentent dans beaucoup de bande dessinée : le spatio-temporelle. Ce sont ses éléments qui rythment le récit et accrochent le lecteurs. Dans un siècle passionné par la géographie, le voyage est un motif qui permet donc aux bandes dessinées de s’inscrire de manière efficace dans le paysage culturel et social.

.
.
Maud Chabod et Alexandre Chapoutot

.
Bibliographie

  • Morgan, Harry.« pendant ce temps, au XXXIème siècle » : le voyage dans le temps dans les littératures dessinées. Neuvième art [en ligne], août 2012 [consulté le 5 janvier 2013]. Disponible sur: http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article435

Catégories
Partir-Venir

« Les marches » du sel

Il y a de cela presque un siècle aujourd’hui, que le Mahatma Gandhi a entamé la « marche du sel », la première doctrine concrète de la non-violence. Cependant, toutes « les marches »  n’ont pas les mêmes formes. Elles se présentent parfois sous forme de manifestation et souvent menées dans des buts bien distincts comportant des effets politiques et spirituels, comme dans le cas de Gandhi. Beaucoup d’intellectuels ce sont penchés sur le sujet des marches du sel comme Etienne Godinot, journaliste, Bernard Droz, historien, les revues de Web YOUPIL, mais aussi des noms biens connus tel que Raoni Matuktire ou Nehru Jawaharlal qui l’ont soutenu dans son combat et qui ont eux aussi participé à des marches. En quoi l’œuvre de Gandhi « la marche du sel », a-t-il apporté des effets politiques et spirituels jusqu’à nos jours ?

Dans un premier temps, nous présenterons les fondements, c’est-à-dire les éléments précurseurs de l’œuvre de Gandhi. Dans un deuxième temps, nous aborderons les effets politiques que cela induit, puis les effets spirituels et sociaux.

 

Les fondements de l’histoire de Gandhi

Marche du sel

En 1869 Mohandas Karamchand Gandhi naquit à Porbandardans dans le Gujarat en Inde. En 1888 Gandhi part pour l’Angleterre pour étudier le droit. En 1891, il retourne à Bombay quand il apprend que le peuple anglais a colonisé son pays mais aussi pour installer un cabinet d’avocats. En 1894 Gandhi fait une campagne pour le droit de vote des indiens. Puis il crée le « Volunteer Ambulance Corps » (Volontaire pour soigner les blessés, service d’ambulance). En 1903, il lance un journal nommé « Indian Opinion », Mais en 1906 Première Satyagraha «  étreinte de la vérité » (Satya = vérité, ãgraha = saisie) contre la discrimination envers les indiens ce qui le mena en prison en 1908 où il fait 8 mois d’emprisonnement. Pour finir Gandhi décide de s’installer définitivement en Inde en 1915. Les anglais font un massacre d’Amritsar (C’est un jardin au cœur de cette ville qui en 1919 était entouré de murs de brique pour ne pas que les indiens sortent de la ville, ce jour-là en 1919 les soldats britanniques ouvrirent le feu sur un rassemblement politique pacifique, tuant plusieurs centaines d’indiens), Gandhi réagit, il devient alors le président de « All-India Home Rule League (AIHRL)  » ( C’est l’autonomie, dans des enjeux locaux, par une ville, ou un comté, qui fait partie d’un gouvernement national). Mais  Gandhi eu une condamnation de 6 ans de prison. Pour riposter Gandhi utilisa son arme favorite, la « Non-violence », en utilisant « la marche du sel ». Gandhi fit cette marche de 380 kilomètre pour aller prendre une poignée de sel et montrer à l’Angleterre que l’Inde appartient au peuple indien. Le peuple de l’Inde veut récupérer leurs marchés du textile et suprimer la taxe sur le sel que les anglais soumettent. Leur terre n’était pas à vendre et Gandhi montre que le peuple indien peut s’en sortir seul.

 

Un combat politique

 

Les pratiques de Gandhi sur la non-violence ont attiré l’attention de Nehru, (politicien faisant parti du Congrès avant de devenir 1er ministre de l’Inde) qui le rejoint dans sa lutte politique. Lors de la marche du sel du 12 Mars, après 25 jours de marche et de rassemblement la marche du sel nous fait comprendre quels sont les enjeux à la fois spirituels et politiques de la non-violence qui inspira toute la vie de Gandhi. La non-violence, enracinée dans les traditions spirituelles de l’Inde et dans celles d’autres peuples, nous apparaît alors, non plus comme une utopie, mais comme une voie de sagesse et une méthode d’action politique qui pourrait permettre aux hommes de relever les défis de notre temps comme le précise Etienne GODINOT (membre du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN)). Gandhi est donc à l’origine d’une révolte sous 3 mouvements ; Un boycott des produits britanniques, le refus de l’impôt, des marches de protestations avec grèves de la faim. Mais Gandhi fût l’inspiration de plusieurs hommes qui ont, eux aussi, marqué toute une génération.

En effet, face au soulèvement populaire qu’engendre le combat d’Anna Hazare, le gouvernement accepte la création d’une nouvelle loi, la Jan Lokpal Bill, afin de mieux protéger les citoyens contre la corruption. Par exemple, pour contester le monopole britannique du sel ou des usines de textile. Anna Hazare fût nommé comme étant le « New Gandhi », comme l’est Raoni aujourd’hui.

Raoni est un chef charismatique qui poursuit depuis des décennies une croisade pour tenter de sauver la forêt amazonienne. Il va à la rencontre de chaque chef d’état pour les convaincre de plaider en faveur de son peuple avec des arguments universels. Accueilli comme un symbole, c’est tout un peuple qui compte sur ses agissements et à ses capacités à persuader des hommes de haut rang.

 

Des effets spirituels et sociaux sur la société Indienne

 

Grâce à sa non-violence et ses «  marches du sel », Gandhi a pût soulever une nation entière privée de ses pensées, asservie par un régime colonial. Il réunit deux peuples (hindous et musulmans) en utilisant sa force spirituelle pour tenir un jeûne de 21 jours. Quelques années plus tard, en 1978, les occidentaux veulent faire un film sur un grand chef du peuple des Kayapos, nommé Raoni Metuktire, qui vit dans une réserve protégée au Brésil. C’est une figure emblématique de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène. Alors, en 1989, Raoni ayant rencontré Sting, chanteur anglais connu qui s’intéressait à la lutte de Raoni, ils firent une campagne internationale dans 17 pays pour sensibiliser le monde et leur faire comprendre l’importance de la nature sur la Terre. Il gagna son combat de non-violence, et en prenant exemple sur Gandhi, il devint l’ambassadeur international de la lutte pour la préservation de la forêt et des peuples amazoniens.

Il y a très peu de temps en 2011 un homme de 74 ans, Manmohan Singh qu’on appela lui aussi « Nouveau Gandhi », fit une grève de la faim pendant 100 heures pour dénoncer au peuple indien la corruption qui envahit l’Inde, il fit le même acte que Gandhi. On peut voir aussi que dans chaque pays du monde les gens protestent pour montrer que le peuple est là et qu’il n’est pas d’accord sur les décisions prises par leur gouvernement. La marche du sel qui nous montre l’enjeu spirituel de la non-violence inspira donc la vie de Manmohan Singh. La non-violence devint une tradition spirituelle de l’Inde et d’autres peuples. Cela semble utopique et résonne comme la voie de sagesse qui pourrait éviter les bravades de notre temps.

 

                Bien que quelques hommes furent honoré du titre de New Gandhi par leurs actions, nous constatons que le message prédominant des marches est de faire comprendre une/des contradiction(s) d’un peuple sans utiliser la violence. D’un point de vue politique, il est clair que les chefs d’états ne peuvent décider sans l’avis de leur peuple, car sans ça, il ne peut y avoir de cohésion sociale et cela compromet le « bon vivre » de toute une population. Aujourd’hui les marches ou protestations, sont des moyens universels pour faire passer un message, mais malheureusement souvent subjectifs puisqu’ils ont pour objectif de dénoncer.

                Par le passé, les marches du sel ont donc aidé à l’expression et au soulèvement de peuples. Aujourd’hui encore, les marches dénoncent des faits, mais quand sera-t-il de demain ? Les marches auront-elle toujours autant d’influence face à un monde plus moderne ?

 LEININGER Sandy, CAMOZZI Kevin.

Bibliographie

 

 

Catégories
Partir-Venir

Qu’est-ce qui pousse les nouveaux nomades à vivre sur la route

 

            L’Homme, qui à l’origine était nomade et se déplaçait pour survivre, est devenu peu à peu sédentaire. Pourtant, aujourd’hui encore, des personnes choisissent de vivre dans des habitats mobiles ou éphémères. Cette forme d’habitation n’est certes pas une nouveauté, mais si les motivations et le type d’habitat diffèrent, ce phénomène semble être de plus en plus répandu.

           Ce mode de vie, apparu dans les années 60-70, serait né du mouvement hippie d’après Frank Michel (doc 1) et Anick Delorme (doc 8). Aujourd’hui il serait plutôt lié à des contraintes économiques ou des idéologies comme l’explique Marcello Frediani (doc 3-4) ou Agnus Christophe (doc 6).  Deux reportages (Infrarouge doc 2 et 66 minutes doc  5) nous offrent des témoignages de personnes ayant quitté le confort de leur maison pour vivre dans leur « maison roulante ». Christel Jackson dans le journal l’Age de faire (doc 9)  nous informe des lois qui restreignent ce mode de vie.

           Ainsi ce choix découlerait de raisons diverses, mais cette façon de vivre différemment a quelques limites…

Personnes privées de logement ou de confort – Source INSEE
En 2006, 85000 personnes vivaient dans des habitats de fortune (caravane, roulotte, camion…)

 

Les raisons de leur Nomadisme

 

           Ils étaient déjà 85000 en France en 2006 (source INSEE voir tableau) à avoir choisi (ou non d’ailleurs !) ce mode de vie alternatif. Plutôt que de vivre entre quatre murs, ils ont tous choisi la route. Qui sont-ils, et pourquoi ont-ils fait ce choix ?

           Le nouveau nomade, aussi appelé routard, est l’héritier de la génération « Beatnik ». Comme l’évoque F. Michel, il revendique la « liberté d’errer comme bon lui semble ».  Le routard fut d’abord un « errant en quête de survie » mais peu à peu le coté libertaire a pris le dessus sur la misère. Issu des mouvements de la contre-culture il est réfractaire à une société et un ordre social dont il est souvent exclu. En quête de liberté, il « prend le large pour mieux rompre avec le monde ». Comme en parle M.Frediani, certains évoquent une vie plus simple, plus saine, le retour à la nature. Ces nouveaux nomades n’éprouvent généralement pas le besoin d’avoir beaucoup d’argent, juste le nécessaire pour vivre. Le besoin d’autonomie et de quitter la routine sont des facteurs majeurs de ce choix. Ils partent à la recherche d’une vision différente de la vie. Certains voient ça comme une passade, un moment pour découvrir, apprendre.

           Un autre cas : les surfeurs. Ils parcourent le globe « au grès des saisons et de la qualité des vagues » déclare A.Christophe, car « la vague n’a pas de domicile fixe, eux non plus ». Ils ont donc choisi de vivre leur passion à fond. Ils voient le fait de vivre en camion ou en tente comme une « communion avec la mer, la nature ». S’ils étaient à l’hôtel ou dans une maison ils perdraient ce contact.

           Ce choix du nomadisme est aussi souvent lié à une situation de précarité. Le travail se faisant aujourd’hui de plus en plus rare ou précaire, si l’argent gagné ne peut couvrir que le loyer et l’électricité, ou s’ils sont expulsés de leur logement, ils sont parfois obligés de choisir cet habitat de fortune pour survivre, pouvoir manger et nourrir leurs enfants. On les appelle les half-homeless (les semi-sdf).

Pépinoyotte, la roulotte de l’éducation à l’environnement

Comment vivent-ils ?

           Il y a plusieurs catégories de nouveaux nomades : ceux qui choisissent de l’être et ceux qui le deviennent par obligation.

           Ces personnes vivent soit dans des habitats mobiles (caravanes, roulottes, camions aménagés, voitures, ou même en tente) soit dans des habitats éphémères (yourtes, tipis, cabanes) qu’ils installeront à un endroit et pourront déplacer quand le besoin de partir se fera ressentir.

           Ceux qui ont choisi ce mode de vie parcourent le monde au gré de leurs envies, certains choisissent le stop pour se déplacer, ils découvrent ainsi le monde sous un autre horizon, loin de la vie quotidienne que tout le monde connait, explique Gabrielle Culand, reportrice. Leur camion (ou autre habitat) est comme une grosse valise, leur lieu de vie c’est la planète. Ils vivent généralement au jour le jour, leur doctrine c’est le « do it yourself » (fais le toi-même). Ils apprennent donc à se débrouiller, ils aménagent généralement eux même leur habitat, certains font les poubelles pour se nourrir, pas seulement par manque d’argent, mais aussi par esprit de récupération. Ils veulent vivre d’une façon dont on a le moins besoin d’argent possible pour fuir cette société de consommation.

           Mais eux aussi ont besoin de gagner de l’argent pour pouvoir payer le strict minimum soit  la nourriture, l’essence et les vêtements entre autre. Ils vivent donc de petits boulots saisonniers, ce qui les oblige à changer souvent d’itinéraire. Ils se déplacent en fonction du bouche à oreille pour trouver ces jobs (c’est les saisons touristiques qui font l’essentiel des emplois).

           Christophe Agnus parle de surfeurs qui ont voulu vivre leur passion à fond, qui vivent de vagues toute l’année et ce déplacent par rapport à la mer et ses marées. Il est donc pour eux impossible d’exercer un boulot régulier. Leur moyen de gagner de l’argent est souvent le surf en participant à des compétitions, ou les emplois saisonniers.

           Ceux qui ont étés obligés de vivre ainsi, eux ont souvent une vie de famille, des enfants qui vont à l’école, leur besoin d’argent est donc plus élevé mais ne peuvent pas sillonner les routes en quête de travail. Ils vivent dans des situations précaires (toute une famille dans un camping-car ou une caravane) mais ils doivent continuer à vivre malgré tout.

Halfway-house par Joseph Robertson

Les problèmes rencontrés

           Tous ces nouveaux nomades ont une difficulté essentielle, pouvoir garer leurs maisons à roulettes. En effet, la plupart du temps les parkings sont interdits la nuit, pour tous les véhicules s’apparentant à des camping-cars, pour empêcher l’installation de groupes de nomades. Les parkings autorisés réservés à ce type de véhicules sont généralement payants, s’ils paient chaque jour, cela revient cher et s’apparente presque à un loyer…

           Dans «  les histoires qui font l’actu », ils montrent que dans certains pays, notamment aux Etats Unis, on construit  des parkings car il y a une progression  importante de cette population, principalement due à la crise économique. L’inconvénient de ces parkings est qu’il faut  en partir tôt le matin pour éviter que les touristes ne voient  cette population de semi-sdf , contraire à une image touristique forte. Ils ne savent donc pas s’ils auront de la place le soir, pour se garer de nouveau en semi sécurité.

           La deuxième difficulté est le froid. En effet que ce soit choisi ou non, les nouveaux nomades ne peuvent pas se réchauffer comme ils le veulent, surtout en hiver quand les températures sont en dessous de 0°c. Ils ne peuvent pas faire tourner le moteur de leurs maisons à roulettes toute la nuit pour avoir le chauffage, ou utiliser un chauffage d’appoint avec les risques connus de gaz intoxicants,  au bout d’un moment ils subissent donc le froid.

           Un autre point négatif important concerne uniquement  ceux qui ne l’ont pas choisi, c’est la honte. La honte de ne pas avoir de logement et d’être contraint de vivre dans une voiture. La honte de ne pas pouvoir bien s’occuper de sa famille et la peur que quelqu’un découvre leur secret et leur enlève leurs enfants.

           Concernant les habitats éphémères certaines lois réduisent les droits de ce mode de vie. La construction d’une yourte ou d’une cabane au-delà de 35 m² nécessite un permis de construire. Comme on le voit dans l’article de l’âge de faire, « le non raccordement aux réseaux les apparente à des logements insalubres ». S’il n’y a pas de sanitaires, les yourtes et tipis sont comme des tentes, on peut donc pratiquer ce type de camping n’importe où. Mais les maires peuvent « exiger que l’on démonte l’habitat » s’il porte atteinte à la salubrité (car les techniques d’épuration naturelles ne sont pas reconnues), ou à la tranquillité publique.  En revanche s’il y a des blocs de sanitaires, ce sont des habitations de loisirs, elles doivent donc être placées dans un camping…

 

 

           Ils sont nombreux à avoir quitté le confort d’une maison pour vivre sur les routes. La fin de l’emploi à vie et la précarité imposent certes une plus grande mobilité, mais le nomadisme est bien souvent choisi, le besoin d’autonomie, de liberté, de quitter la routine, de découvrir le monde, les gens,…  sont les choses importantes qui ont poussé tant de personnes à faire ce choix. Mais pour cela il faut abandonner son confort, et essayer de vivre simplement, car trouver du travail reste une chose difficile…

Marine Maurel et Delphine Bloyet

Bibliographie