Le pari sportif a une histoire très lointaine et existe presque depuis « toujours ». En effet, nous
verrons dans cette partie historique, que l’on n’a pas pu dater la première existence du pari sportif.
Nous nous intéresserons alors à son développement général depuis les premières preuves de son
apparition, c’est à dire durant l’Antiquité.
Qu’est‐ce qu’un pari sportif ?
Définition
500 milliards d’euros: c’est le montant estimé du marché annuel des paris sportifs dans le monde.
Cette somme est soumise à la fameuse « glorieuse incertitude du sport »: à chaque penalty manqué,
chaque coup droit dans le filet ou chaque carton rouge brandi, des parieurs touchent le jackpot,
tandis que d’autres font banqueroute.
Une manne financière aussi importante attire obligatoirement la convoitise de réseaux mafieux. En
truquant les matchs, ils éliminent toute part de hasard et s’assurent ainsi des bénéfices confortables.
Ce phénomène de triche dans les milieux sportifs n’est certes pas nouveau: au début des années
1980, le football italien fut frappé par le scandale du Totonero (ou « loto sportif noir »). Certains
joueurs (dont Paolo Rossi, meilleur buteur du Mondial 1982) ont avoué avoir parié sur les rencontres
de leurs propres équipes. 5 clubs de l’élite furent condamnés à des peines allant d’un simple retrait de
quelques points à la rétrogradation en Série B, la 2ème division italienne. Mais peut‐on aller jusqu’à
dire, comme l’affirme le chercheur de la Sorbonne Laurent Vidal, que les paris sportifs mettent en
danger le sport lui‐même?
L’histoire du pari sportif
Il n’y a pas de preuves concrètes des archéologues concernant les paris sportifs, avant
l’antiquité. Néanmoins, ils émettent l’hypothèse de l’existence des paris sportifs durant la préhistoire.
Des hommes se seraient battu entre eux et d’autres auraient « parié » sur l’homme qu’ils trouvaient
le plus fort. La récompense était bien entendu autre que monétaire, plutôt un échange de peaux,
d’objets ou de nourriture.
Les paris sportifs étaient déjà présents durant l’antiquité, à la période de la Grèce antique.
A cette époque, les Grecs avaient l’habitude de faire des concours sportifs et des compétitions
sportives, et ceci plaisait beaucoup. En effet, étaient réputés pour leur amour du sport, et les
évènements comme les Jeux Olympiques. La Corinthe et les jeux Delphiques, des divers événements
proches des jeux Olympiques, constituaient également de formidables occasions pour le peuple de
parier sur les épreuves athlétiques préférées.
Cependant, pour payer les athlètes, on faisait très certainement payer aux visiteurs les entrées par le
biais de billetterie et on organisait aussi des paris sportifs, pour rentabiliser l ‘événement. Les paris
sportifs ont pour ainsi dire toujours existé.
Les Romains étaient également des premiers parieurs, surtout grâce aux fameux combats
de gladiateurs dont les plus anciens datent de 264 av. J.‐C. On retrouve de surcroît environ un siècle
avant J‐C, les compétitions sportives auxquelles s’ajoutent les combats d’animaux sauvages, les
courses de chars ou même encore plus cruel, le duel entre des condamnés à mort et des félins, et
donc bien sur les gladiateurs. La civilisation romaine a apporté une touche beaucoup plus importante
à l’argent dans ce mode de distraction.
Si l’on continue chronologiquement, au Moyen‐Age, les paris dits « sportifs » continuent
leur développement durant cette période, avec notamment l’essor de nouvelles pratiques sportives
comme le tir à l’arc, ou encore les tournois avec des joutes à l’épée ou à la lance à cheval. Les paris et
jeux d’argent se répandent alors dans toute l’Europe, principalement en France et en Angleterre, les
plus grandes puissance européennes de l’époque.
Au XVIIème siècle, les parieurs auront l’occasion de se mesurer en duel, armés, se
terminant souvent par la mort du perdant, l’aspect monétaire est alors quelque peu égaré. Au
XVIIIème siècle, le mot «handicap» apparaît dans le monde du pari sportif et surtout hippique. Ce mot
vient de «hand in cap» (la main dans le chapeau) utilisé quand un objet troqué avait moins de valeur
que l’autre et où une somme d’argent était ajoutée pour équité. Les paris sportifs avec un aspect plus
monétaires commencent alors à plus se concrétiser. Au XIXème siècle c’est l’essor des paris sportifs
hippiques. Leur essor est gigantesque et on voit ainsi l’apparition de nombreux hippodromes, où l’on
y trouve la haute société qui se retrouve pour parier pour le plaisir, ainsi que des milieux plus pauvres
qui espèrent gagner de l’argent. Au XXème siècle, un peu plus tard, les courses de chevaux gardent
leur popularité mais d’autres sports empiètent sur le monopole du monde hippique. Cela s’explique
notamment avec l’apparition de la télévision vers 1960, où des événements sportifs sont montrés au
grand public. Le pari sportif prend alors de l’ampleur dans le monde entier. Le deuxième changement
important du XXème siècle est l’apparition d’internet dans la fin des années 1990.
Ceci marque alors le marché du pari sportif en modifiant les modalités des jeux en proposant en plus
un large éventail de jeux sur lesquels miser. Consultez la rubrique des encadrements juridiques pour
avoir plus d’informations sur les différentes modalités.
C’est donc grâce à la multiplication des événements sportifs télévisés, à la publicité
(comme par exemple les sponsors sur les maillots de football), à internet et à la télévision, que les
paris sportifs ont pris de l’ampleur dans la vie de tous les jours, et surtout dans les pays occidentaux.
Quels sont les risques ?
Au niveau mondial
Si le risque paraît limité en France sur les principaux sites de paris sportifs, les dérives existent
toujours à l’étranger ou sur les plateformes de jeux illégaux. En agissant sur l’ensemble de la planète,
les principaux réseaux mafieux échappent le plus souvent aux autorités nationales. En 2013, Europol
(European Police Office) a réussi à démanteler une partie d’un vaste réseau de paris truqués
impliquant plus de 400 acteurs (joueurs et arbitres) du football mondial. Ce circuit débute à
Singapour, et s’étend vers les Balkans jusqu’en Amérique du Sud.
Pour échapper à tous soupçons, les truqueurs profitent de la multitude de possibilités offertes par les
sportifs sur internet: plutôt que de s’intéresser à l’issue des rencontres, ils misent sur des paris très
spécifiques, comme les cartons jaunes reçus au cours d’un match, le nombre de penaltys accordés par
l’arbitre, dont les cotes sont très élevées. Outre le fait de blanchir de l’argent , truquer les rencontres
permet donc également aux organisations mafieuses de réaliser de larges profits. C’est donc à ce
niveau que les paris menacent le sport. A travers le monde, les mafias approchent les équipes de
second plan, plus faibles psychologiquement et, dans certains cas, dont les joueurs ne sont pas payés
de manière régulière. En usant d’un mécanisme bien rôdé, elles corrompent le milieu
semi‐professionnel.
Au niveau individuel
En France, on estime à 0.4% le nombre de « joueurs excessifs » c’est‐à‐dire les personnes qui sont
dépendantes au jeu. Comment savoir si on a basculé dans la dépendance ou pas ? Comme le terme
l’indique, une personne dépendante n’arrive ni à arrêter le jeu, ni même à le réduire un peu. Si elle
essaie, elle devient très irritable. Jouer devient une véritable obsession de tous les jours. Quand les
pertes d’argent sont importantes (souvent, ce sont de petites sommes qui s’additionnent pour faire
des grandes), elle va s’endetter, ne rien dire à sa famille, mentir et jouer en cachette.
Au début, avec les premiers gains, c’est l’euphorie. Le joueur mise de plus en plus gros. Mais très vite,
ses pertes vont être aussi de plus en plus importantes. Il continue alors à jouer dans l’espoir de se «
refaire ». N’y parvenant pas, il peut en venir à utiliser tous les moyens – parfois même illégaux – pour
se procurer de l’argent. Il ne demande généralement pas d’aide car il est persuadé qu’il s’en sortira en
gagnant. Mais les difficultés s’accumulent, il cède au désespoir et ne se contrôle plus. Pourtant, il
persiste à nier ses problèmes de jeu.
Les conséquences sur la vie quotidienne du joueur sont multiples et la situation peut vite dégénérer :
l’obsession du jeu peut entraîner l’isolement, la perte de son emploi, la dépression et même le
suicide. Les relations avec l’entourage se détériorent, la famille, les amis s’éloignent peu à peu et,
dans le couple, la séparation devient parfois inévitable. Enfin, pour continuer à jouer, pour
rembourser ses dettes, la personne emprunte de plus en plus, vend tout ce qu’elle possède, au risque
de ne plus pouvoir payer son loyer et ses factures.
Comment prévenir les risques ?
Politique gouvernementale
Comment lutter ? En créant une agence mondiale anticorruption, sur le modèle de l’Agence mondiale
antidopage (réunissant mouvement sportif et États) comme cela est régulièrement évoqué. En étant
moins laxistes sur les loi déjà existantes également, car plus on laisse de liberté plus les limites seront
testées.
Implication des organismes
Les organismes concernés pourrait mettre en place des campagnes de prévention à la dépendance du
jeu, des images comme sur les paquets de cigarettes, ou faires des publicités comme pour la
prévention routière. Ces organisations devraient prendre les devants afin d’éviter toute dépendance
du joueur.
La dépendance liée aux paris sportifs est malheureusement bien réelle et trop peu prise au sérieux.
Les États et les organismes concernés ne voient là que le profit sans se soucier des risques qu’ils
peuvent entraîner. Il faut bien comprendre que le risque est bien présent est peut être fatal, comme
la drogue, la dépendance peut devenir chronique. Si un individu se trouve dans cette situation, il a
besoin de toute l’aide possible pour s’en sortir. En espérant une prise de conscience rapide de ces
risques, les prises en charges sont fréquentes.
Réalisé par Charlène Paccoud et Florent Constant.
Bibliographie
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septembre 2004 [consulté le 20/01/2016]. Disponible sur
http://www.sos‐joueurs.eu/index.php?page=vos‐temoignages - L’OBS Société (article d’Ingrid Bazinet ) Témoignage d’un ex‐joueur : « Le jeu, c’est une bête
noire qui vous détruit » Un homme de 42 ans témoigne de sa dépendance au jeu. Aujourd’hui guéris il
explique comment il est devenu accro au poker et compare ce jeu à de l’héroïne. Il va jouer jusqu’à
des sommes supérieur a 20000 euros et n’arrive plus a s’arrêter jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il
était devenu esclave du poker. - Vincent Bonniol, Les différentes addictions : les causes et les risques de dépendance, générationplus.fr [en ligne], publié et mis à jour le 24/09/13 [consulté le 21/01/2016].
- François BOURDILLON, Quand les jeux d’argent et de hasard deviennent une drogue, le 28/11/2013 [consulté le 21/01/2016]. Disponible sur http://www.lasantepourtous.com/Infos‐Sante/Quand‐les‐jeux‐d‐argent‐et‐de‐hasard‐deviennent‐une‐drogue
- Paris sportif, “l’enfer du décor “ (article de Richard Gougis). Disponible dans le journal « Midi Libre »
- Marie Grall‐Bronnec, L’addiction aux jeux de hasards et d’argent, ifac‐définition [en ligne], publié en septembre 2011 [consulté le 09/12/2015]. Disponible sur http://www.ifac‐addictions.fr/l‐addiction‐aux‐jeux‐de‐hasard‐et‐d‐argent.html
- Interviewée : docteur Dan Véléa, propos recueillis par Marianne Leclère Dépendance à internet : http://www.essentiel‐sante‐magazine.fr/ma‐sante/prevention/cyberdependance »mieux comprendre le phénomène [en ligne] publié le 01/11/2011 [consulté le 17/11/2015]. Disponible sur http://www.essentiel‐sante‐magazine.fr/masante/prevention/cyberdependance
- Tu sais que tu es accro aux paris sportifs quand … (article de Gaspard Manet et Swann Borsellinio) Disponible dans le Magazine « So foot »
- Paris sportifs en ligne : comprendre ‐ jouer ‐ gagner Broché – 10 mai 2011 (livre de Quentin Toulemonde )
- Maurice Szafran Pourquoi le cerveau devient‐il dépendant ? [en ligne] La recherche [en ligne] Société anonyme, mis à jour le 29/02/2008 [consulté le 21/01/2016]. Disponible sur http://www.larecherche.fr/actualite/aussi/pourquoi‐cerveau‐devient‐il‐dependant‐29‐02‐2008‐67281
Une réponse sur « En quoi les paris sportifs poussent-ils à la dépendance ? »
Votre façon d’aborder le sujet est attrayant et l’article en général est bien présenté. C’est un bon travail.