De nos jours, avec le réchauffement climatique qui urge, le réveil de la conscience écologique, et la perte de sens au travail, beaucoup se demandent à quoi servent ces 35 heures par semaine, et si elles ne sont pas nocives pour l’environnement. D’un autre côté, la transition écologique offre toujours plus d’emplois dans l’environnement, dans un monde taillé pour les industries polluantes. La cohabitation ne pourra pas durer encore bien longtemps. Comment changer la société pour laisser se développer ces fameux métiers verts ?
En 2019, 0.5% des métiers étaient verts et 14 % étaient dits « verdissants »1, c’est à dire qui touchent l’environnement mais pas dans l’immédiat. Certains diront que ce n’est pas assez, d’autres, que c’est déjà plus que ce à quoi ils pensaient, mais le problème reste le même : ces métiers évoluent dans un monde qui n’est pas fait pour eux, ce qui ralentit considérablement leur montée. Pour la favoriser, il faudrait changer nos modèles économique et social. Nous nous sommes donc penchés sur les raisons et solutions de ce changement nécessaire.
I – Des métiers en vogue
Avec la montée des crises climatique, économique, financière, et alimentaire, les métiers verts semblent être une solution adéquate à chacune. Recruter dans certains domaines comme l’agriculture biologique remplirait les quatre conditions.
De plus, le réchauffement climatique est en marche depuis longtemps, et les multiples campagnes de sensibilisations et l’action quasi permanente de la tirette d’alarme par les médias ont rendu ce sujet important aux yeux des jeunes. En effet, certains lycéens et étudiants disent préférer un métier plus respectueux de l’environnement ou qui le protège, tel qu’ingénieur dans l’environnement, quitte à être moins rémunérés2.
Au vu de toutes ces raisons, il n’est donc pas étonnant de constater que ce sont des métiers qui recrutent et qui recruteront de plus en plus, l’OCDE prévoyant pour 2030 une création de 20 millions d’emplois dans le monde. Ce recrutement massif leur fera donc prendre de plus en plus de place dans l’économie, autant française que mondiale.
II – Le monde du travail en mouvement
L’économie française verra de plus en plus de métiers verts. Pour ce faire, il va falloir qu’ils prennent la place des métiers plus polluants. Il y aura donc nécessairement « création destructrice » d’emplois, pour reprendre l’expression de Schumpeter, un éminent sociologue du XIXe siècle. Les 50 sites industriels les plus polluants n’emploient que 30 000 personnes, soit à peine 1,12 % des employés français en 20223 . De son côté, l’Ademe affirme que 540 000 emplois seront créés en France d’ici 2030. En plus de dépasser les industries polluantes sur le marché du travail, les métiers verts pourraient parfaitement absorber le licenciement massif que provoquerait la destruction de ces emplois polluants.
Mais il ne faut pas oublier les métiers qui se « verdissent », qui effectuent une transition. En effet, certains métiers vont être transférés d’un secteur à l’autre, et les travailleurs vont devoir se reconvertir. Beaucoup d’employés risquent de se retrouver dans ce cas, et, d’après Liza Baghioni, sociologue et anthropologue du travail au Céreq, un des enjeux de ce glissement vers des métiers verts va être la reconversion. D’autres pourraient modifier leur façon de travailler pour devenir plus écologiquement viable. L’agriculture intensive, par exemple, pourrait, si elle changeait ses pratiques, créer beaucoup de métiers en plus d’être plus respectueuse de l’environnement. C’est l’exemple que nous donnent les maraîchers qui engendrent de nombreux emplois saisonniers, et la grande majorité produit des produits bio.
III – Un accompagnement nécessaire
Comme nous vous l’avons laissé comprendre, la montée des métiers verts dans l’économie va provoquer des changements au niveau économique et social non négligeables tels que ceux cités plus haut. « Cela suppose de repenser la gouvernance des politiques et des projets aux différents niveaux, européens, nationaux et régionaux » (Philippe Gouin et Patrick Roturier, 2015). Il faudrait activer tous les leviers des états pour favoriser ce développement. « Il y a urgence » affirme Liza Baghioni.
Cependant, cela ne semble pas être le cas. En effet, le verdissement des diplômes est timide, leurs rénovations étant trop lentes pour suivre l’attendu des entreprises et du monde du travail, les subventions envers les PME ou TPE encore trop justes, ou pas assez conséquentes pour contrecarrer les multiples accusations envers l’Etat, affirmant qu’il cajole les industries polluantes ; autant de signes qui montrent que ce fait de société n’est pas la priorité des Etats.
Le monde du travail bouge, et en faveur de l’environnement. Il va s’imposer de plus en plus, face aux entreprises polluantes. Mais de nombreuses études montrent que la balance finira par pencher en faveur des métiers verts. Au vu du désintéressement de la part des Etats, le changement risque d’être brutal. Il est temps de choisir son camp.
Clément Jeambrun et Blandine Mataillet.
- Métiers verts et verdissants : près de 4 millions de professionnels en 2019 [en ligne]. Ministères de l’aménagement du territoire et de la transition écologique, 13 septembre 2019 [ consulté le 11 février 2025]. Disponible sur : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/metiers-verts-et-verdissants-pres-de-4-millions-de-professionnels-en-2019#:~:text=%C3%A9lev%C3%A9%20d’ouvriers.-,L’emploi%20dans%20les%20m%C3%A9tiers%20verts,%25%20de%20l’emploi%20total. ↩︎
- Le Coustumer, Pierre. Gagner moins mais travailler vert. La Nouvelle République [en ligne], mercredi 13 décembre 2023 [consulté le 3 février 2025]. Disponible sur : https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/loir-et-cher-ces-jeunes-prets-a-gagner-moins-pour-travailler-vert ↩︎
- Meslet, Emilio. Transition écologique : Macron cajole les industries polluantes. L’Humanité [en ligne], 8 novembre 2022 [consulté le 12 février 2025]. Disponible sur : https://www.humanite.fr/societe/industrie/transition-ecologique-macron-cajole-les-industries-polluantes ↩︎