La précarité de l’emploi est un phénomène qui touche de plus en plus de salariés en Europe, et notamment les jeunes. Quelles sont les causes et les conséquences de cette situation ? Comment y faire face ? Voici quelques éléments de réponse.
Selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, l’emploi précaire représente 15,7 % de l’emploi salarié total dans l’UE en 2016. Par emploi précaire, on entend les contrats de travail à durée déterminée, le travail intérimaire, le travail saisonnier, le temps partiel subi ou le travail indépendant contraint. Ces formes d’emploi sont souvent associées à une faible rémunération, une absence de protection sociale, une instabilité professionnelle et une insécurité personnelle.
Les jeunes sont particulièrement touchés par la précarité de l’emploi. En effet, ils sont souvent confrontés à des difficultés d’insertion sur le marché du travail, à cause du manque d’expérience, de qualification ou de réseau. Ils sont aussi plus exposés aux effets de la crise économique, qui réduit les opportunités d’emploi et favorise les licenciements. Selon l’Organisation internationale du travail, le taux de chômage des jeunes (15-29 ans) dans l’UE était de 16,8 % en 2019, contre 6,3 % pour l’ensemble de la population active.
La précarité de l’emploi a des conséquences néfastes sur la vie des jeunes, tant sur le plan matériel que psychologique. Elle limite leur capacité à se projeter dans l’avenir, à se loger, à fonder une famille, à se former ou à s’engager dans la société. Elle peut aussi engendrer du stress, de l’anxiété, de la dépression ou du découragement.
Face à ce défi, quelles sont les solutions possibles ? Comment les jeunes peuvent ils s’adapter à un environnement professionnel incertain et changeant ? Comment les pouvoirs publics peuvent ils soutenir l’emploi des jeunes et lutter contre la précarité ? Nous allons tenter de répondre à ces questions en nous appuyant sur des exemples concrets et des témoignages de jeunes.
- Les causes de la précarité de l’emploi chez les jeunes
La précarité de l’emploi chez les jeunes est le résultat de plusieurs facteurs, qui se combinent et se renforcent mutuellement. Parmi ces facteurs, on peut citer :
– La mondialisation et la concurrence internationale, qui poussent les entreprises à réduire leurs coûts et à flexibiliser leur main-d’œuvre. Les jeunes, souvent moins qualifiés et moins expérimentés, sont les premiers à subir les conséquences de ces stratégies, qui se traduisent par une augmentation des contrats précaires, des délocalisations ou des externalisations.
– La transition numérique et écologique, qui entraîne des mutations profondes du marché du travail. Les jeunes, qui n’ont pas toujours accès à une formation adaptée aux nouveaux besoins et aux nouvelles compétences, sont confrontés à un risque d’obsolescence ou de déclassement. Ils doivent aussi faire face à une accélération des changements, qui réduit la durée de vie des métiers et des savoir-faire.
– La crise économique et sanitaire, qui a aggravé la situation de l’emploi des jeunes. La pandémie de Covid-19 a provoqué une chute de l’activité économique, qui a affecté les secteurs les plus employeurs de jeunes, comme le tourisme, la restauration, le commerce ou la culture. Elle a aussi perturbé les parcours de formation, d’orientation ou d’insertion des jeunes, qui ont dû faire face à des interruptions, des reports ou des annulations.
– La segmentation du marché du travail, qui crée une fracture entre les insiders et les outsiders. Les insiders sont les salariés qui bénéficient d’un contrat à durée indéterminée, d’une rémunération élevée, d’une protection sociale et d’une représentation syndicale. Les outsiders sont les salariés qui occupent des emplois précaires, mal rémunérés, sans protection ni représentation. Les jeunes font partie des outsiders, qui ont peu de chances d’accéder à des emplois stables et de qualité.
- La précarité des emplois en France chez les jeunes
La France est l’un des pays européens où la précarité de l’emploi chez les jeunes est la plus forte. Environ, 47 % des salariés de moins de 25 ans étaient sous contrat précaire en 2018. Ce taux est nettement supérieur à la moyenne européenne, qui était de 32,6 % en 2016.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Tout d’abord, le système éducatif français ne favorise pas l’insertion professionnelle des jeunes peu ou pas diplômés. En effet, le taux de chômage des jeunes sans diplôme était de 35,7 % en 2018, contre 9,5 % pour ceux qui ont un diplôme supérieur au baccalauréat. De plus, le marché du travail français est marqué par une dualité entre les emplois stables et protégés, souvent occupés par les seniors, et les emplois précaires et flexibles, souvent réservés aux jeunes. Cette dualité est renforcée par le coût élevé du travail, qui incite les employeurs à recourir aux contrats courts, et par la rigidité du droit du travail, qui rend difficile le licenciement des salariés en CDI.
La précarité de l’emploi en France chez les jeunes a des conséquences similaires à celles observées dans le reste de l’Europe, mais aussi des spécificités. Ainsi, les jeunes précaires français sont plus touchés par la pauvreté que leurs homologues européens. En effet, le taux de pauvreté des jeunes de 18 à 24 ans en France était de 22,4 % en 2018, contre 20,1 % dans l’UE. Cela s’explique notamment par le faible niveau du salaire minimum, qui ne garantit pas un revenu décent, et par le manque d’accès aux prestations sociales, qui sont souvent conditionnées à la durée de cotisation. Par ailleurs, les jeunes précaires français sont plus exposés au risque de décrochage social, qui se manifeste par un retrait de la vie collective, une perte de confiance en soi et en l’avenir, et une tentation de la violence ou de l’extrémisme.
3. Les conséquences de la précarité de l’emploi chez les jeunes
La précarité de l’emploi chez les jeunes a des effets négatifs sur plusieurs aspects de leur vie, tels que :
– Le revenu et le pouvoir d’achat:
Les jeunes qui occupent des emplois précaires ont souvent des salaires faibles, irréguliers ou aléatoires. Ils ont aussi moins accès aux primes, aux indemnités ou aux avantages sociaux. Ils ont donc du mal à boucler leurs fins de mois, à épargner ou à investir. Ils sont aussi plus exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.
– Le logement et la mobilité:
Les jeunes qui occupent des emplois précaires ont souvent des difficultés à se loger, à cause du coût élevé des loyers, des garanties exigées par les propriétaires ou des discriminations à l’accès au logement. Ils sont aussi moins mobiles, car ils ont moins les moyens de se déplacer, de changer de lieu de résidence ou de partir en vacances. Ils sont donc plus dépendants de leur environnement familial ou géographique.
– La santé et le bien-être:
Les jeunes qui occupent des emplois précaires sont souvent soumis à des conditions de travail pénibles, stressantes ou dangereuses. Ils ont aussi moins accès aux soins, à la prévention ou à la couverture maladie. Ils sont donc plus vulnérables aux risques physiques ou psychiques, tels que les accidents, les maladies, les troubles musculosquelettiques, les addictions ou les suicides.
– La famille et la vie affective:
La famille et la vie affective. Les jeunes qui occupent des emplois précaires ont souvent du mal à construire un projet de vie familiale ou sentimentale. Ils ont tendance à retarder ou à renoncer à se mettre en couple, à se marier ou à avoir des enfants. Ils sont aussi plus exposés aux ruptures, aux séparations ou aux divorces. Ils sont donc plus isolés, plus solitaires ou plus instables.
La précarité de l’emploi est un phénomène qui affecte de manière croissante les jeunes en Europe, et plus particulièrement en France. Elle a des impacts négatifs sur leur vie économique, sociale, personnelle et citoyenne. Elle représente un défi majeur pour l’avenir de la jeunesse européenne, qui doit faire face à un monde du travail incertain et changeant.
Bibliographie:
-Observatoire des Inégalités : L’évolution de la précarité de l’emploi selon son âge et son sexe, 1er juin 2023
– Stéphane Beaud, Liza Kerivel, CAIRN, Les jeunes adultes peu diplômés lourdement marqués par la précarité en début de carrière, 22 Novembre 2022
-Insee, Taux de chômage des 15-64 ans selon le diplôme :
–CGT :L’emploi des jeunes doit être une priorité nationale et européenne, 11 Juin 2018
–Alain Ruello, LesEchos, Le nombre de jeunes précaires régresse en France
-Insee, Taux de pauvreté selon l’âge (pourcentage)
–Eurostat, direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique à l’échelle communautaire
Réalisé par:
MOUREAU Bastien
COLLIN François