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L’intelligence artificielle, menace ou opportunité pour l’art en France ?

Dans le monde en constante évolution technologique, l’intelligence artificielle (IA) est au cœur de nombreuses discussions, notamment en ce qui concerne son impact sur les métiers artistiques. En France, pays historique de la culture et des arts, cette question suscite autant d’inquiétudes que de curiosités. l’IA transforme notre rapport à l’art de la même manière que la photographie l’a fait au XIXe siècle.

La principale menace que représente l’IA c’est le vol de propriété artistiques et l’utilisation de celle-ci pour entrainer des IA génératives qui menaces les métiers de la voix et du graphisme principalement. L’arrivée de la génération d’image quant à elle est un bon point pour la création artistiques qui peuvent donner des idées aux artistes, facilité leur travail ou bien permettre de concrétiser l’imagination de l’artiste ou bien faciliter l’accès à l’art. C’est à cette dualité entre menace et opportunité que les artistes sont exposés certains l’utilise pour concevoir leur art et d’autres sont menacée par cette dernière directement. 

Une transformation des pratiques artistiques

L’IA a déjà commencé à transformer le paysage artistique. Cette affiche dédiée à la première grande exposition parisienne de l’artiste Miguel Chevalier, un des premiers utilisateurs de l’IA dans le domaine artistique et globalement un pilier dans l’art numérique montre que l’IA a déjà commencé à transformer le paysage artistique avec des expositions comme celle-ci qui montre comment l’IA peut être utilisée pour créer de l’art. 

Des outils tels que les algorithmes de DeepArt ou des systèmes plus complexes comme DALL-E et Midjourney permettent aux artistes de générer des œuvres en quelques clics, souvent avec des résultats surprenants tant par leur créativité que par leur esthétique. Selon Schmiten (Valentin Schmiten, Aivancity), les artistes utilisent de plus en plus les technologies numériques pour repousser les limites traditionnelles de leur discipline.

Ces innovations offrent une assistance précieuse en rendant certaines formes d’art numérique plus accessibles et en permettant aux créateurs d’explorer de nouvelles approches.

Comme dit précédemment des IA comme DALL-E permettent aux artistes de générer des œuvres. Elles permettent également aux amateurs de s’initier à création numérique que ce soit simplement en loisir ou dans un but professionnel Selon OpenAI plus de 1.5 million de personnes crée par sur DALL-E 2  plus de 2 millions d’images.

Ainsi, l’IA libère les artistes de tâches répétitives et chronophages, leur permettant de se concentrer sur des aspects plus conceptuels et créatifs. On peut imaginer un compositeur utilisant l’IA pour expérimenter de nouvelles sonorités ou un peintre digital testant diverses palettes avant de finaliser son œuvre.

Les craintes légitimes d’une automatisation excessive Cependant, face à ces transformations, une question persiste : l’IA est-elle une menace pour les métiers artistiques traditionnels ? Nombreux sont ceux qui redoutent que l’automatisation croissante ne dévalue le travail humain. Un tableau créé par une machine peut-il réellement avoir la même profondeur émotionnelle qu’une œuvre peinte à la main ? Pire encore, l’IA pourrait-elle remplacer les artistes en effaçant la singularité et la richesse émotionnelle du génie humain ?

Cette image illustre très bien ce que peut devenir l’art avec une automatisation excessive car c’est l’IA qui devient l’artiste. Ces craintes que l’IA prennent le pas sur l’humain sont d’autant plus grande qu’ils devient de plus en plus durde différencier une œuvre humaine d’une faite par IA. La question de l’impact sur la propriété intellectuelle est également centrale, comme le relève Arkadia-Communication dans « IA et droit d’auteur : Quand le vol ne s’arrête plus au numérique » [1] Car l’IA est une entité ne connaissant pas les limites du droit d’auteur. En outre, le risque de voir les artistes remplacés par l’automatisation se concrétise dans des initiatives populaires, à l’instar de la pétition « Pour un doublage créé par des humains, pour des humains » qui illustre la crainte d’une déshumanisation des métiers artistiques.[2] 

 Malgré ces préoccupations, l’IA offre également des opportunités fascinantes. En France, des musées et des galeries commencent à explorer ce potentiel en intégrant des œuvres générées par l’IA dans leurs collections. Des initiatives telles que celles présentées sur France Culture dans « Quand les artistes repoussent les limites de l’IA au Centre Pompidou » Radio France, montrent comment la technologie peut être mise au service de l’innovation artistique. Cette synergie ouvre la voie à de nouveaux genres artistiques et à des formes d’expression inédites. Par ailleurs, l’impact de l’IA ne se limite pas aux arts visuels ou à la musique. Des secteurs comme le jeu vidéo sont aussi impacté par l’arriver de l’IA.

Le théâtre voit également naître des approches novatrices qui redéfinissent les contours de la création artistique. Enfin, comme le souligne BEAUXARTS dans son analyse sur « L’évolution de l’art à l’ère de l’Intelligence Artificielle : quel impact sur la créativité ? » l’IA révolutionne même l’enseignement artistique en proposant des méthodes pédagogiques innovantes et personnalisées, adaptées aux besoins individuels des apprenants. 

Un équilibre à trouver

Ainsi, l’intelligence artificielle n’est ni une menace absolue ni une opportunité purement bénéfique pour les métiers artistiques en France. Elle représente un outil puissant susceptible d’enrichir la créativité humaine, à condition d’être utilisée de manière réfléchie et éthique.

 Artistes, techniciens et décideurs culturels doivent collaborer pour établir un cadre qui protège l’authenticité tout en encourageant l’innovation.

Des lois comme l’IA act ont déjà été votées par le Parlement européen afin de mieux contrôler l’utilisation de l’IA et mieux se protéger des dangers de l’IA, ce qui est encourageant pour le futur des métiers artistiques qui pourront peut-être avoir une régulation et un meilleur contrôle des IA artistiques poussées par les artistes comme les comédiens de doublages français qui ont lancé la pétition #Touchepasmavf que l’on a évoqué précédemment.

L’avenir de l’art, en symbiose avec l’IA, reste à écrire. C’est une danse délicate entre tradition et modernité, où chaque pas doit être mesuré pour garantir que la créativité continue de s’épanouir pour les générations futures.

COLLIN François

SOURASINH Axel


     Bibliographie[1] 

Europresse[2] . « Avec l’intelligence artificielle, un nouveau mouvement artistique émerge, à l’image de la photographie en 1850 ». Europresse. Disponible sur : https://www.beauxarts.com/grand-format/tout-comprendre-a-lart-a-lere-digitale/.

Schmitten, Valentin. « Art et numérique : Les artistes utilisent de plus en plus les technologies numériques ». Advancity. Disponible sur : https://www.aivancity.ai/corps-professoral/valentin-schmiten.

We Champ-Entreprise. « Impact de l’intelligence artificielle dans l’art ». Disponible sur : https://www.wechamp-entreprise.co/impact-intelligence-artificielle-art/.

Arkadia-Communication. « IA et droit d’auteur : Quand le vol ne s’arrête plus au numérique ». Disponible sur : https://www.arkadia-communication.fr/ia-et-droit-dauteur-quand-le-vol-ne-sarrete-plus-au-numerique/.

Change.org. « Pour un doublage créé par des humains, pour des humains ». Pétition. Disponible sur : https://www.change.org/p/pour-un-doublage-cr%C3%A9%C3%A9-par-des-humains-pour-des-humains-touchepasmavf-beab56eb-a759-4117-b77c-7d03bcaa35f8.

Radio France. « Quand les artistes repoussent les limites de l’IA au Centre Pompidou ». France Culture. Disponible sur : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/un-monde-connecte/quand-les-artistes-repoussent-les-limites-de-l-ia-au-centre-pompidou-4810487.

Datarockstars. « L’intelligence artificielle et les jeux vidéo. Data Rockstars. Disponible sur : https://www.datarockstars.ai/lintelligence-artificielle-et-les-jeux-video/.

Lesnews.ca. « L’IA réinvente l’art du théâtre. Les News.ca. Disponible sur : https://lesnews.ca/intelligence-artificielle/lia-reinvente-lart-du-theatre/.

BEAUXARTS. « L’évolution de l’art à l’ère de l’Intelligence Artificielle : quel impact sur la créativité ? ». Disponible sur https://www.beauxarts.com/.

Grand palais immersif. « PIXELS – Une expérience interactive avec l’univers créatif de l’IA ». Disponible sur https://grandpalais-immersif.fr/agenda/evenement/pixels-une-experience-interactive-avec-lunivers-creatif-de-lia

Beebom. « OpenAI’s DALL-E Image Generator Lets You Edit Human Faces, Again! ». disponible sur https://beebom.com/openai-dall-e-edit-human-faces-again/

evenement.com . « L’IA au cœur de la création au Grand Palais Immersif, une fusion éthique et esthétique ». disponible sur https://www.evenement.com/guides-professionnels/evenements/expo-ia-grand-palais-artificial-dreams/

science&vie. « Première mondiale : ce jeu vidéo est entièrement généré par l’intelligence artificielle ». disponible sur https://www.science-et-vie.com/cerveau-et-intelligence/intelligence-artificielle/premiere-mondiale-ce-jeu-video-est-entierement-genere-par-lintelligence-artificielle-184164.html

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La robotisation : une menace mais aussi une opportunité pour l’emploi 

La robotisation, en pleine expansion, bouleverse les secteurs économiques et transforme radicalement le monde du travail. Si elle promet des gains de productivité et une réduction des coûts pour les entreprises, elle suscite aussi de vives inquiétudes concernant l’avenir de l’emploi. Entre suppression de postes et mutations des métiers, cette évolution technologique soulève la question de son impact réel sur l’emploi et sur les travailleurs. Un exemple concret l’illustre, d’après un document publié par Amazone, rien que sur la période 2015-2017, l’entreprise a gonflé son parc de robot passant de 30 000 à 120 000.

D’après le dictionnaire Larousse, la robotisation a pour définition : Substitution de robots à des opérateurs humains pour l’accomplissement de tâches industrielles. La robotisation témoigne donc d’une monté croissante des machines et de l’intelligence artificielle dans les processus de production et de service. Des usines automobiles aux caisses automatiques des supermarchés, elle touche de nombreux secteurs et modifie en profondeur le marché du travail. Les entreprises adoptent ces technologies pour gagner en efficacité et réduire leurs coûts, mais cette transformation inquiète : quels emplois sont menacés ? Qui sera le plus affecté ? Et comment s’adapter à cette nouvelle ère où les machines remplacent de plus en plus l’humain ? Derrière ces questions se cache un enjeu majeur : l’avenir du travail et la place de l’homme face aux avancées technologiques.

La menace de l’emploi 

Comme on peut le constater depuis quelques dizaines d’années, le travail a été bousculé par l’arrivée de la robotisation, de l’automatisation, mais aussi plus récemment, de l’Intelligence artificielle. Et comme à chaque fois que l’être humain crée quelque chose de nouveau, les critiques ne se sont pas fait attendre, et pour la grande majorité elles étaient négatives.

En effet, de nos jours, une nouvelle vague d’inquiétudes s’exprime avec l’intégration croissante de robots au sein des entreprises avec l’emploi industriel qui décline à mesure que les robots investissent les usines, les entrepôts, et les transports. On constate donc, à bien des égards, que la robotisation a un impact sur la composition de l’emploi d’un pays. Cette idée selon laquelle la technologie détruirait plus d’emplois qu’elle n’en produit était déjà au fondement du discours porté au début du XIXe siècle par Ned Ludd (Un ouvrier militant anglais légendaire de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe). Les ouvriers anglais de l’industrie textile s’inquiétaient de l’apparition de machines à tisser accusées de remplacer le travail humain. Les tâches répétitives sont actuellement de plus en plus automatisées totalement ou partiellement par des machines et la numérisation du milieu du travail génère des emplois qualifiés aux dépens du personnel non qualifié. Avec, en 2022, environ 18.9 % des ouvriers français non qualifiés, contre 29.9 % en 1982, on constate qu’avec l’arrivée des nouvelles technologies et plus particulièrement avec l’arrivée de la robotisation, les emplois comme les opérateurs de caisses, les manutentionnaires et ouvriers d’entrepôts, les travailleurs de la restauration rapide ou encore les travailleurs de production dans les usines qui sont non qualifiés disparaissent au fil que l’innovation technologique augmente.

Avec l’augmentation des capacités de calculs des ordinateurs, le traitement des données de masse (big data), le perfectionnement des logiciels de machine learning, etc., la part des emplois menacés par l’automatisation est ainsi de plus en plus importante. Surtout, elle ne se limite plus aux travaux manuels mais s’étend maintenant à des tâches plus intellectuelles. Une étude de PwC sur l’impact de l’automatisation parue en 2018 alerte des conséquences. Selon le rapport qui reste toujours d’actualité aujourd’hui, ce processus d’automatisation serait divisé en trois « vagues » ayant un impact grandissant sur le marché du travail au cours des prochaines décennies.

1-Vague des algorithmes (Jusqu’au début des années 2020)Automatisation des processus simples, tels que les calculs et l’analyse de donnéesEmplois dans le secteur financier, des assurances et de la communication (5 % des emplois concernés)
2-Vague de l’accélération (Jusqu’à la fin des années 2020)Interaction dynamique avec les nouvelles technologies menant à l’automatisation dans le domaine de l’administratif et dans les prises de décisionTouchera les emplois de la première vague plus les emplois dans les secteurs administratif et manufacturier (15 % des emplois concernés)  
3-Vague de l’autonomie (Années 2030)Automatisation du travail manuel et application dans la résolution de problèmes dans des situations dynamiquesEn plus des emplois des deux premières vagues, les secteurs de la construction, du transport et de la logistique seront également concernés (30 % des emplois concernés)

Source : Impact of automation on jobs, PwC 2018

Ce serait donc à partir de la fin de cette décennie que l’on pourra constater une perte nette d’emplois dans ces secteurs. L’étude confirme aussi que ce sont bien ceux qui ont fait le moins d’études qui seront le plus touchés. Sans oublier maintenant qu’à ce débat se rajoute aussi l’implémentation généralisée de l’intelligence artificielle (IA) qui vient menacer en partie des emplois plus qualifiés comme ceux des managers.

Le salut des travailleurs

Même s’il y a toujours eu des sceptiques vis-à-vis de la robotisation, en très grand nombre, on remarque peu à peu que les avis changent pour finalement avoir de nos jours un grand nombre de partisans du développement de la robotisation. Depuis quelques années, on constate que si les nouvelles technologies détruisent des emplois, elles en créent aussi dans la conception, le déploiement et la nécessité de répondre à de nouveaux besoins. En effet, dans une étude conduite par Metra Martech, l’International Federation of Robotics (IFR) défend l’idée qu’entre 2017 et 2020, 450 000 à 800 000 nouveaux emplois devraient directement être créés au niveau mondial grâce à la robotique. De plus, pour répondre aux détracteurs de la robotisation, France Stratégie, a estimé que seulement 15 % des emplois seraient menacés par l’automatisation. En zoomant sur des secteurs comme l’automobile et l’électronique, où sont concentrés plus de 60% des robots industriels, on n’observe pas de destructions d’emploi massives, mais un passage progressif à des postes plus qualifiés du fait de l’automatisation de certaines tâches (soudure, levage, peinture, manutention).

Maintenant quand on pense robotisation, il faut penser « robot collaboratif ». Le « robot collaboratif » ne vise pas à remplacer l’homme mais à l’assister dans des tâches pénibles ou répétitives, en démultipliant par exemple ses capacités physiques ou en améliorant la précision de ses gestes, la synergie entre l’intelligence humaine et la robotisation propulsera les opérations de la chaîne d’approvisionnement vers des sommets sans précédent. La transformation de tâches dans des secteurs, tels que le textile et la fabrication, où des fonctions répétitives et de faible valeur ajoutée ont été automatisées, a servi d’exemple tangible de l’impact de la robotique collaborative. Dans ce même cadre, le professeur Sahbani (Professeur à l’Université Sorbonne) a souligné que cette collaboration homme-machine n’était pas une menace pour les emplois, mais plutôt une transformation des tâches, où les travailleurs peuvent évoluer vers des fonctions à plus forte valeur ajoutée. On peut même prendre l’exemple de Amazone qui a déployé 750 000 robots dans l’ensemble du réseau pour la prise en charge des tâches lourdes et répétitives, permettant au travailleur d’éviter tout souci.

Il faut aussi se dire que la robotisation a des avantages pour les entreprises. La robotisation permet évidemment l’amélioration des performances, mais réduit la pénibilité de certaines tâches. Aussi, cette course à la technologie est devenue indispensable au vu de la pénurie de main-d’œuvre et des défis environnementaux actuels. En investissant dans l’automatisation de son outil de production, une entreprise augmente son intensité capitalistique et réduit en conséquence le poids des coûts salariaux dans ses coûts de production. L’automatisation génère des gains de productivité qui peuvent se traduire par des baisses de prix sur les produits, des hausses de profits ou parfois de salaires.

Enfin il faut rappeler une chose importante, l’Homme ne sera jamais remplaçable. Selon M. Marc ALOCHET, expert leader en assemblage final chez Renault, « même s’il existe une très forte tendance à l’automatisation et à la robotisation sur beaucoup d’opérations de fabrication, il n’empêche que l’homme restera au centre de l’usine du futur pour au moins deux grandes raisons. La première est que, dans un système complexe, la capacité d’adaptation face aux incidents générés par cette complexité même, la prise en compte raisonnée de l’événement et de son impact ainsi que la capacité à y répondre de la façon la plus appropriée resteront, longtemps encore, l’apanage de l’homme. La seconde raison est liée à la compréhension fine du produit lui-même : sur toutes les problématiques d’amélioration de la qualité et d’interaction des systèmes connectés, l’homme reste très largement supérieur à tous les systèmes automatisés que l’on peut, aujourd’hui, imaginer »

La robotisation transforme l’emploi plutôt qu’elle ne le détruit entièrement, ouvrant la voie à de nouvelles compétences et opportunités. Mais si les travailleurs doivent s’adapter à ces changements, la question reste ouverte : notre système éducatif et de formation est-il prêt à relever ce défi ?

IOTTI Baptiste, GONFROY Ethan

Liste bibliographique :

  • Meriem Khdimallah, Data et Robots – Les fondations de l’industrie du futur, Presse de Tunisie, date de publication : Mardi 28 Novembre 2023, date de consultation : Mardi 15 octobre 2024, Europresse.
  • Julien Bialas, La course à l’innovation pour livrer au plus vite les colis, Le Soir, date de publication : Vendredi 24 novembre 2023, date de consultation : Mardi 15 octobre 2024, Europresse, https://nouveau.europresse.com/PdfLink/amTMvqMlntAJH1VCldIAlD6orJ0NjrXthEvxGF5TYNetf_CZgCSKkCudeL2lxRrRqd5JVGOlqO-tiYI17BzAlCJu0ktJmC0zM_qDT5xzfI1.
  • « Le robot tue-t-il l’emploi ? » : l’analyse de La Fabrique de l’industrie, La Correspondance Économique, date de publication : Lundi 11 janvier 2016, date de consultation : Mardi 15 octobre 2024, Europresse.
  • Les robots vont-ils nous prendre nos emplois ? lafinancepourtous, date de publication : 11 décembre 2024, date de consultation : le 9 Janvier 2025, E-sidoc, https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/nouvelles-economies/les-robots-vont-ils-nous-prendre-nos-emplois/.
  • Vincent Champain, Guendalina Anzolin, Richard Robert, Comment ressusciter la productivité, n°059, p24-25, date de publication : 03/2024 Périodique.
  • Anne Chemin, Vers la fin du travail ? Le Monde, date de publication : Samedi 28 janvier 2017, date de consultation : Mardi 15 octobre 2024, Europresse.
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L’Ubérisation : Un modèle controversé

Alors que le travail indépendant est de plus en plus prisé, l’ubérisation se déploie à grande échelle, provoquant débats et inquiétudes. À travers les plateformes numériques, une nouvelle forme de précarité s’installe, remettant en question les fondements du droit du travail et les protections sociales. Mais derrière ce modèle se cache-t-il une véritable innovation sociale ou une dérive dangereuse pour les travailleurs ?

Un modèle économique remis en question

Dans son ouvrage Face à Uber (Fayard), paru le 9 octobre, Danielle Simonnet, députée de la 15e circonscription de Paris, dénonce les dangers de l’ubérisation sur le droit du travail. Ce modèle, qui repose sur la sous-traitance et le non-respect des protections sociales, s’est fortement développé ces dernières années, notamment sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, comme le révélaient les Uber Files en juillet 2022.

Simonnet alerte sur la précarisation massive engendrée par ces plateformes, qui cassent le Code du travail et privent les travailleurs de protections fondamentales. Elle compare ce phénomène à la fable de la grenouille : « Face à l’ubérisation, j’ai un peu peur du bain qui chauffe lentement. »

Un danger pour l’économie et la société

L’étendue de l’ubérisation ne se limite pas aux chauffeurs VTC et aux livreurs à vélo. Une note du ministère du Travail datant de 2019, obtenue lors de la commission d’enquête parlementaire, révèle que l’ubérisation s’est infiltrée dans des secteurs aussi variés que l’aviation, le BTP, les services funéraires ou encore l’aide à la personne.

Simonnet dénonce une inaction volontaire du gouvernement, qui aurait choisi de protéger les plateformes plutôt que d’appliquer la loi. Elle a déposé une proposition de loi visant à transcrire dans le droit français la présomption de salariat adoptée au Parlement européen. »Les plateformes de l’ubérisation font de l’inégalité une stratégie de développement. » – Danielle Simonnet

Une plateforme présentée comme sociale

Lulu dans ma rue, plateforme d’insertion sous statut d’autoentrepreneur, se développe dans plusieurs villes françaises avec un important soutien financier public. Son fondateur, Charles-Édouard Vincent, revendique un modèle à impact social inspiré de l’expérience Emmaüs Défi. Toutefois, ce modèle suscite une vive opposition, notamment de la part des élus écologistes et communistes du Conseil de Paris.

La municipalité a accordé un financement pouvant aller jusqu’à 3,5 millions d’euros sur trois ans pour l’accompagnement de travailleurs en difficulté. Cependant, les chiffres montrent que seulement 787 microentreprises ont été créées en sept ans, soit une quinzaine par kiosque et par an. Les critiques dénoncent une inefficacité coûteuse et une dépendance à l’argent public.

Une précarité institutionnalisée

Contrairement aux structures d’insertion traditionnelles, Lulu dans ma rue fonctionne comme une SAS, avec des investisseurs tels que JCDecaux, la Société Générale et Carrefour. La plateforme prélève jusqu’à 25 % de commission sur chaque prestation et dépend à 60 % de financements publics.

Ce modèle suscite de nombreuses questions, notamment sur la pertinence de l’autoentrepreneuriat pour des personnes en insertion. En effet, ce statut ne donne pas accès au chômage, aux congés payés ni à une protection sociale digne de ce nom. Les travailleurs, comme Gaelane et Samuel, témoignent de la difficulté à sortir de la précarité, malgré un « accompagnement sur-mesure » promis par la plateforme. »Ubériser l’insertion, c’est une attaque contre le salariat. » – Raphaëlle Primet, élue PCF

Une évolution du travail indépendant

En parallèle des critiques sur l’ubérisation, une autre réalité du travail indépendant se développe. Selon l’étude Freelancing in Europe de la plateforme Malt, 90 % des freelances interrogés ne souhaitent pas retourner vers un emploi salarié à temps plein.

Le freelancing ne se résume plus à un choix par défaut, mais bien à une volonté de maîtriser sa carrière et ses conditions de travail. Les entreprises y trouvent aussi leur compte, appréciant la flexibilité et l’expertise des indépendants. Cette dynamique transforme le marché du travail et bouscule les modèles traditionnels du salariat.

Une liberté encadrée ?

Cependant, tous les freelances ne sont pas logés à la même enseigne. Certains secteurs, comme la tech ou la communication, offrent des opportunités lucratives, tandis que d’autres, comme la livraison ou le transport, restent dominés par des plateformes aux pratiques controversées.

L’enjeu pour l’avenir sera donc de définir des cadres protecteurs permettant à chacun de choisir librement son mode de travail, sans subir de précarisation forcée.

Le futur du travail pourrait se jouer dans la manière dont nous répondrons à cette nouvelle forme d’organisation.

Léo Guerin 

– Hamladji Samir. Freelance : un choix de carrière affirmé et très porteur. Les Echos.fr, 27/03/2024.

– Kristanadjaja Gurvan. “L’ubérisation est un suicide social collectif”. Libération,22/09/24.

– Marissal Pierric. “L’insertion par l’ubérisation, une idée complètement à la rue”. L’Humanité, 5/10/2023.

photographie : https://www.rtbf.be/article/dans-la-peau-d-un-livreur-uber-eats-la-face-cachee-du-service-de-livraison-de-repas-11155741

photographie : https://www.orientation-pour-tous.fr/actualites/article/parcoursup-comment-poursuivre-son-projet-de-formation-en-apprentissage-apres-la