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L’interdiction des drogues en France

Figure 1 : United States Fish and Wildlife Service. Feuille de cannabis [photo]. Wikimedia [en ligne]. Mise en ligne le 1 août 2007 [consulté le 13/02/2023]. Disponible sur : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marijuana.jpg

La drogue en France, ses conséquences pour le consommateur et la société. La légalisation une solution pour lutter contre les conséquences de la drogue ?

                Les drogues existent depuis 8000 ans. La première drogue à être consommée est l’opium. Depuis les drogues se sont diversifiées. Il existe des drogues dures (cocaïne, héroïne, GHB, LSD, …) et des drogues douces (cannabis, poppers, …). Au départ, la consommation de stupéfiants était un patrimoine culturel pour de nombreuses populations minoritaires, socialement marginalisées et culturellement discriminées par les groupes dominants qui considéraient ces usages (thérapeutiques, rituels ou festifs) comme « archaïques » voire « démoniaques ». Leurs consommations étaient donc ponctuelles et non régulières comme c’est le cas aujourd’hui. A notre époque, les consommateurs de stupéfiants sont devenus addicts aux effets psychotropes des drogues. En terme général, les addictions ont toutes des conséquences mais les drogues encore plus car elles sont interdites à la vente et à la consommation. En France, les conséquences sont sociales, sanitaires et économiques pour les consommateurs et pour la société.

Les conséquences sociales

                En général, lorsque l’on ne consomme pas de stupéfiant ni ne nous renseignons sur la question, nous pouvons penser que les consommateurs de drogues mènent une vie comme tous le monde. Cette pensée est plutôt normale puisque beaucoup de personnes sont dépendantes à quelque chose sans que cela ait un impact fort dans leurs vies. Lorsque l’on voit des consommateurs et des vendeurs de drogues, on peut penser qu’ils ont des amis et de la famille sur qui compter. Cependant (il s’agit là d’une généralité), la réalité est tout autre car ils peuvent avoir honte de leur condition et ne pas en parler ce qui éloigne les personnes. De plus, même si les proches sont au courant, il est compliqué pour eux d’agir sans blesser le consommateur et, dans le pire des cas, les proches peuvent craindre les consommateurs de stupéfiants.

« On ne me demandait jamais si je vais bien mais si j’ai de la drogue à vendre. En fait, je n’ai pas d’amis. »

Figure 2 : Camilo Silva. Drogue [photo]. Flickr [en ligne]. Publiée le 18 mars 2012 [consulté le 13/02/2023]. Disponible sur : https://www.flickr.com/photos/camilofso/16352440015/in/photolist-qV1wGX-2zUuNy-ddwfeq-6fG7KY-qcDqaw-5bfqzD-2o2HFLE-6pm9T5-oCZ84h-6JJmrC-nVYeU5-98jX7o-hqSN33-pS1HT-YNwo4Y-Nead1-qbssok-2axwsz3-aw6miN-5qZxcU-6uT1Ar-BvY4U-aEvvqZ-2c1HntD-XTs82P-JRftC-R9czT5-dogqrp-dRFMJd-2nhMxac-2hr5VBq-9rvBXG-2m4kAmJ-2hTrzAT-2kdFCZT-nkk73c-2o4HL1w-9DcwvN-niyUnh-gXLRe6-4sB7FG-ichnbQ-9rvCrN-aEvB2F-2ktxCij-5h6RdG-2hFADUR-2jsjsEM-CNY3kQ-6RnaUD/

Le plus souvent, les personnes qui consomment de la drogue sont entourées de personnes qui en consomment ou en vendent aussi ce qui fait que les consommateurs sont dans un cercle fermé. Le problème d’être entouré de personnes qui consomment des drogues c’est que s’il arrive quelque chose (overdose par exemple) les autres ne pourront pas réagir suffisamment vite car ils ne sauront pas assez lucides.

L’interdiction des drogues amplifie l’isolement social des consommateurs de stupéfiants. Les personnes craignent de s’impliquer avec des consommateurs et des vendeurs de drogues car ils ont peur de ce qui pourraient leur arriver si jamais ils se faisaient prendre.

« Il écope d’une peine de cinq ans de prison ferme dont dix-huit mois avec sursis et d’une interdiction de paraître à Mont-de-Marsan et à Saint-Pierre-du-Mont. Son amie est condamnée à six mois de prison avec sursis. »

Les conséquences sanitaires

                Les conséquences sanitaires de la consommation de drogues sont dues à beaucoup de facteurs mais le facteur principal est son interdiction, du moins en France. Comme l’ensemble des drogues sont interdites, il ne peut pas y avoir de contrôle de la qualité des drogues vendues. Beaucoup de drogues sont coupées avec des produits (talc, verre, plomb, hydrocarbure, détergent, sable, colle, cirage…) qui ne sont vraiment pas bons pour la santé des consommateurs. Les drogues pures sont moins dangereuses, sauf si on en prend trop, que les drogues coupées puisqu’il n’y a pas ou peu d’ajout de produits. De plus, l’interdiction des drogues empêche les consommateurs de drogues d’être suivis par des médecins pour voir s’il y a de gros risques pour leur santé. Bien sûr consommer de la drogue a des effets négatifs sur le cerveau et la santé du consommateur mais certains sont plus sensibles que d’autres. Par exemple, les consommateurs d’héroïne n’ont pas forcement les moyens de s’acheter des seringues ni de stériliser les seringues pour prendre leurs doses, ils risquent donc des infections… S’il existait des salles où les consommateurs pourraient se piquer en étant encadrés, leurs conditions s’amélioreraient énormément.

Figure 3 :Polinesiaphotography.Flickr [en ligne]. Publiée le 16 juillet 2007 [consulté le 13/02/2023]. Disponible sur : https://www.flickr.com/photos/polinesia/832519749/in/photolist-2gyT7M-7cLgbb-25nwzbH-2mVgMGE-2n2yNtD-2me3SyA-2h9st6J-6oK3JJ-9gQHmf-5CmP5J-Fxyu7-2k7tjPz-NUSiE-2i3sdVS-4KojDt-zEC87B-2isunSy-NypQCF-2kRFHqU-2jJ3aUC-2hD5mRo-2kUzwrb-6DtntL-2kSCKgT-7r5g5-8LKgNr-9syHnE-viiCZ-5WhyVv-2kQYJ4J-9Yp3Y5-69N5xF-2k8Y2ZT-6xQvGv-2jBwjAL-2jQBoXL-2m3j5HA-SUPcvQ-2bpkQsW-2gPESHY-2mg3Ggu-Jm8Rur-2m2mksP-YH4WdW-em6av3-2jMREH8-RvzzV8-BbMwdQ-4v3684-GR3XGZ

On peut prendre le Portugal pour exemple : en 2001, ils ont dépénalisé toutes les drogues ce qui veut dire que la consommation et le trafic sont toujours illégaux mais il n’y a pas de sanction pénale pour son usage. Cette dépénalisation a permis de mettre en place un suivi médical pour les consommateurs et des campagnes de prévention pour les jeunes. Ces dispositifs ont permis de baisser le taux de mortalité.

« A population égale, les décédés sont passés de 340 en 2000 à 60 en 2019. »

La dépénalisation des drogues pourraient être une solution pour réduire la mortalité de ses consommateurs. Cependant, il y a un gros point négatif, la consommation et la vente reste illégale. C’est pourquoi les consommateurs sont obligés de se procurer de la drogue sur le marché noir ce qui ne garantit pas sa qualité. De plus, les autorités ne peuvent pas vérifier la qualité puisque les drogues sont illégales.

Les conséquences économiques

                L’achat de drogue peut être un vrai budget pour un consommateur de drogue ce qui fait que certains consommateurs, n’ayant pas les moyens de s’en acheter suffisamment, se mettent à revendre de la drogue. Cette revente permet au marché de s’auto-alimenter puisque les vendeurs consomment et les consommateurs vendent. Certains gros consommateurs, au lieu de vendre de la drogue, se prostituent ou deviennent délinquants pour pouvoir se payer leur consommation. La précarité est extrêmement importante chez les gros consommateurs de drogue. Pour eux il est plus important d’avoir sa dose quotidienne plutôt que de savoir s’ils vont réussir à manger en fin de mois.

« Chaque mois, je prenais à mes fournisseurs 50 grammes de cocaïne, pour 2000 euros, 100 grammes d’héroïne pour le même montant et 5 kilos de cannabis […] alors qu’on avait du mal à finir les fins de mois. »

Les drogues, étant illégales, ne sont pas disponibles sur un marché normal mais sur le marché noir. Ce marché ne profite pas à l’économie du pays mais alimente une économie souterraine qui permet de faire vivre des quartiers entiers. A cause de cela, les politiques n’osent pas lutter de peur que ses quartiers vivent encore plus dans la misère. En ne s’attaquant pas à ce problème, les politiques achètent une paix sociale. Les habitants des quartiers sont les premiers à payer pour la non-réaction des politiques.

« A 12 ou 13 ans, ils sont déjà guetteurs ou « charbonneurs » dans les réseaux de drogue de Marseille. »

Figure 4 : Mémoire 2cité. 69 ZUP de Venissieux le grand ensemble HLM des Minguettes [photo]. Flickr [en ligne]. Publiée le 3 mai 2019 [consulté le 13/02/2023]. Disponible sur : https://www.flickr.com/photos/163564300@N02/32819692997/in/photolist-2hszHVX-2fG7d3b-25bH1yv-2hqhdQ9-2hsyFWT-2hqiY5X-2fHMcUG-2fHDmQo-S1aviP-2hsoad3-2hszBvY-2eAf82Q-2hswxyw-2hszayb-2hsv4tD-2hqk3if-2hsw9YX-2hskFhz-S5d5Wc-2hssU2g-2g68QDs-2hsA4ch-2hssU3t-2g7T3K9-2g7Tdp5-2g68MPK-25bpnkB-25bPDia-2g7awwg-25m7p4F-2g7a1sJ-25bPKFF-2hsyX89-2hsvJ5B-2m5M41B-TE7Cvf-2eKX7G5-TE8rZJ-2m6Cueq-2hsA4b5-2g4uq91-2fMZ2Nk-2hsyUhe-2g4uYAV-2fG1t45-2hqj3PS-2hszJbr-2m5M3ZQ-2hqiY3N-2hqh67U/

Pour lutter contre les trafics de drogue, l’État dépense des millions d’euros tous les ans qui pourraient être investis autre part (hôpital, école, salaire, …).

Les différentes solutions

                La dépénalisation est une solution qui peut être proposée contre les drogues car elle permet aux consommateurs de ne pas avoir de sanction pénale et de mettre en place des suivit médicales pour les personnes qui sont contrôlées avec de la drogue. Elle permet aussi de décriminaliser son usage et de faire de la prévention auprès des plus jeunes. Cependant, toutes les solutions ont forcément un côté sombre. Les consommateurs sont obligés d’acheter leurs consommations sur le marché noir car la dépénalisation ne rend pas la commercialisation de drogue légale. Ce qui est un problème car les autorités ne peuvent donc pas contrôler la qualité de la marchandise.

Photomorti. Tetrahydrocannabinol [photo]. Flickr [en ligne]. Publié le 3 mars 2007 [consultée le 13/02/2023]. Disponible sur : https://www.flickr.com/photos/morti/408970051/in/photolist-C95xM-C9c8Q-C95xD-C95xy-671kY9-gBk7M-671isd-agFUzz-4GjehH-cn9MLS-C9c8P-a8Skb5-aLR3zK-C9c8J-7GCpwW-3LispZ-budG1u-yW9V8t-66W4yn-2nKbuRn-2m4YjbU-bkan9Z-7CHnK2-8Kn3Nb-3crYuY-V8Swdm-2h3Y15q-2jadYN-7h2xHJ-hkbTu-5HiWMP-8Sdcf2-7xsQ9R-8VLB3z-7AWn6v-nLSNnV-pX26Hv-4ZMyyD-6AP6dK-buRquC-7JMuNa-3ocxFG-r7urDD-2mE8Lb4-2gKSsU1-3581jE-3eyvHn-2j8o5y-8pnTFL-2h753a8/

« La concentration en tétrahydrocannabinol (THC), la molécule à l’origine des effets psychotropes. En France, dans les années 2000, son taux était de 6%. En 2019, il était de 28%. Cela rend l’usage du cannabis plus dangereux et plus addictif »

Selon certains économistes, la légalisation des drogues est la suite de la dépénalisation puisqu’elle autorise sa production, sa distribution et sa consommation car elle permet une régulation et un contrôle du marché de la drogue. Grâce à la légalisation, les taux de THC retrouvé dans le cannabis peuvent être contrôlé ce qui fait que les consommateurs ont moins de risques pour leur santé. De plus, les drogues seraient vendues dans des boutiques spécialisées ce qui permettrait, comme avec l’alcool et les cigarettes, de limiter l’âge d’achat pour préserver le cerveau des jeunes, puisque celui-ci n’a pas fini d’être formé.

« Ce qui revient à créer une toute nouvelle filière économique dans le pays. Mais une filière très régulée, où la vente est interdite en dessous d’un certain âge car c’est chez les jeunes que le cannabis présente le plus de risque. Leur cerveau n’étant pas complément formé. »

              En 1971, la France a interdit les drogues. Cela fait donc 50 ans qu’une politique répressive est en place mais cela a-t-il été efficace ? La société d’aujourd’hui refuse de faire le bilan de cette politique car ils ont peur de la drogue et ont une pensée très archaïque : « tu fumes un joint aujourd’hui, demain tu vas te piquer ». Aujourd’hui, les jeunes ont un accès très facile à la drogue douce ce qui est une preuve que la politique d’interdiction de la drogue n’est absolument pas efficace. Si l’on dépénalisait l’usage de la drogue, la police et les tribunaux pourraient s’occuper d’autres affaires. De plus, cela permettrait de désengorger les prisons. Sortir du système répressif permettrait d’arrêter de faire du travail policier pour le remplacer par un travail social. La société ne doit plus voir les consommateurs comme des délinquants mais comme des personnes ayant besoin d’un accompagnement social et médical.

Bibliographie

  • Labrouse, Alain. Géopolitique des drogues, 2011. 127p. Puf (Presses universitaires de France)
  • Vergelati, Elodie. J’ai perdu pied. Sud Ouest – Landes [en ligne], samedi 17 septembre 2022, p18, [13/01/2022]. Disponible sur : https://nouveau.europresse.com/PDF/EditionDate?sourceCode=SOA_P&singleDate=2022-09-17&useFuzzyDate=false

CHAVANNE Prune et ZIMMERMANN Cybélia

J’ai apprécié la structure de cet article, la façon dont le sujet a été exploité et les exemples choisis qui selon moi illustrent très bien le thème sélectionné.

COSTANTINI Solenne

Article particulièrement intéressant, il montre bien les conséquences à toutes les échelles de la consommation de drogue en France.

DEMEUSOIT Bastian

Article très intéressant le sujet est maîtrisé, les sources sont sûr, je recommande vivement cet article, qui joue aussi un rôle de sensibilisation.

BADER Tom

Une réponse sur « L’interdiction des drogues en France »

Article intéressant qui informe bien les conséquences des différentes drogues pour la santé, l’économie,…En plus, cela reste toujours un problème pour la société actuelle.

BARTHELEMY Théo

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